L’environnement peut-il influencer sur les performances sportives ?
Les infrastructures: jusqu’à la première guerre mondiale, la Corse n’était pas dotée de terrain de sport, alors que sur sur le continent, les terrains pelousés et salles de sport commençaient leur développement.
En effet, Ajacciens et Bastiais étaient logés à la même enseigne. Les premiers s’entrainaient au Diamant ou au Casone, sur un sol rocailleux et irrégulier alors que les seconds évoluaient place Saint Nicolas qui demeurait le meilleur terrain de football de Bastia.
Que dire du tour de Corse cycliste (vélocipède) il y a une siècle, suivant les routes du littoral avec plus de 600 kilomètre et un dénivelé que l’on connait, les vélos au poids de l’époque, sur une durée de quinze jours.
Aujourd’hui, le manque cruel d’infrastructures se fait toujours cruellement sentir avec une tentative de rattrapage du retard mais bien sur avec un train de retard. Ainsi, l’on ressent cette éternelle impression de décalage de 20 ans par rapport à nos homologues continentaux.
Alors sur le plan médical, faut-il se demander si sur nos terrains des sport inadaptés, nous ne comptons pas plus de pathologies de croissance et de lésions du complexe pied – cheville chez nos jeunes footballeurs, plus de pathologies rotuliennes chez nos volleyeurs professionnels?
Le matériel: lorsque l’on voit les chaussures utilisées en athlétisme ou au football au début du siècle dernier, on comprend aisément que les performances athlétiques aient évolué, sans parler des connaissances et outils modernes d’entrainement.
Au quotidien, nous sommes amenés à étudier les foulées des sportifs, l’analyse de l’équilibre statique et biomécanique et à corriger le cas échéant les anomalies rencontrées. Alors on peut imaginer que nos sportifs vieillissent mieux, notamment sur le plan articulaire. Curieusement, ils donnent l’impression de se blesser plus, du moins, ils consultent plus qu’autrefois, mais au vu de l’augmentation des exigences (techniques, physiques avec augmentation des volumes et intensité des entrainements), cette augmentation doit être relativisée.
Alors oui, les bonnes conditions matérielles de pratique du sport permettent bien sur réellement de prévenir les blessures spécifiques, appelées « technopathies ».
L’environnement néfaste: la famille et les amis, agents d’un jour. Eviter le syndrôme de réussite par procuration lorsque un père voit en son fils un nouveau Zinédine Zidane, éviter comme la peste les amis, proches ou entraineurs qui feront croire que l’enfant ou adolescent a toute les qualités pour réussir alors qu’il n’y a en réalité aucun espoir.
Dans les deux cas de figure, l’enfant vit dans un mode irréaliste et perd les repères d’une croissance et d’une scolarité normale.
L’environnement technique: les rugbymans internationaux de l’époque de Pierre Albaladéjo s’entrainaient 2 fois par semaine. Aujourd’hui, les séances sont quotidiennes ou bi-quotidiennes avec une ultra-spécialisation du contenu des séances, aussi bien sur le plan physique que technique et tactique. Les entraineurs et préparateurs physiques poussent leurs « formules 1 » au maximum de leurs possibilités.
L’environnement médical: lorsque l’on voit l’évolution de la médecine et de la physiologie du sport depuis un demi-siècle, on met en évidence les formidables outils mis à disposition du sportif en terme de prévention des blessures, de prise en charge de celles-ci et d’optimisation de la performance.
En conclusion: un enfant a des prédispositions qui seront optimisées au mieux en fonction des événements de la vie, des rencontres et des éléments environnementaux décrits ci-dessus.
L’élément indispensable à l’épanouissement de nos jeunes sportifs est de les laisser vivre leur passion sans leur imposer notre choix tout en leur inculquant des valeurs qui se perdent au vu de ce que nous entendons du haut des gradins le week-end.