Les dynamomètres isocinétiques existent depuis de nombreuses années, plusieurs appareils sont commercialisés, les plus connus sous le nom de Biodex et de Contrex.
A partir des données analytiques recueillies, quelles sont les applications pratiques, chez le sportif notamment ?
Le concept isocinétique, applications chez le sportif:
On appelle un exercice en isocinétisme un mouvement effectué à vitesse constante sur l’ensemble de la course. Ceci implique que le dynamomètre applique en tout point du mouvement une résistance auto-adaptée. Cette résistance s’adapte en permanence à la force du patient afin d’atteindre la vitesse angulaire pré-définie.
Le dynamomètre isocinétique permet une évaluation de la force maximale à différentes vitesses (en degrés/seconde), à différents angles, avec un nombre de répétitions en théorie illimité, en concentrique comme en excentrique, le tout en fonction du geste sportif.
Nous pouvons ainsi rechercher un déficit musculaire en le quantifiant ou un défaut de contraction dans une amplitude articulaire donnée.
Enfin, chose importante, il est possible de calculer des ratios qui visent à déterminer l’équilibre entre différentes chaines musculaires.
Chez le sportif sain, nous utilisons cette technologie dans le cadre de la prévention des blessures, pour le suivi longitudinal et pour l’optimisation de la performance. Nos repères sont la comparaison droite / gauche, les évaluations antérieures éventuelles, les ratios agonistes / antagonistes, les données de la littérature concernant la même population.
Chez le sportif blessé, les évaluations isocinétiques permettent de cibler la rééducation et d’affiner la réathlétisation dans le cadre du “return to play”. Nos repères sont les mêmes que ci-dessus, en particulier le côté sain.
Les avantages: le test est bilatéral, reproductible et sécurisé (important pour le travail excentrique en particulier). Il est possible de vérifier en direct le niveau de performance grâce au feedback affiché à l’écran.
Les limites: il s’agit d’une chaine cinétique ouverte, les amplitudes articulaires sont limitées en isocinétisme (temps de latence pour arriver à la vitesse recherchée) et sont parfois loin de la réalité fonctionnelle du geste sportif (complexes, rapides).
Le dynamomètre isocinétique permet des évaluations sur le mode concentrique, puis dans un second temps on peut effectuer une série excentrique (l’apprentissage et l’échauffement de qualité sont indispensables).
L’équilibre agonistes / antagonistes:
Ces rapports sont importants à calculer, notamment le ratio mixte (ou ratio fonctionnel de Croisier).
Ratio mixte = moment maximal antagoniste excentrique / moment max agoniste concentrique.
Les indications les plus courantes au sein du CMTS 2A:
Quadriceps / ischio-jambiers: accidents musculaires itératifs, genou instable (opéré ou non), conflit fémoro-patellaire.
Epaules: instabilité opérée ou pas, pathologie de la coiffe des rotateurs (plus rarement).
Chevilles: instabilité.
La méthodologie:
La reproductibilité des évaluations est indispensable. Il est ainsi nécessaire d’utiliser un protocole rigoureux pour un test maximal standardisé.
On insistera sur de bonnes conditions d’échauffement, un apprentissage avec le dynamomètre après une installation confortable avec respect des axes articulaires et des amplitudes réalistes.
En général, on effectue une série concentrique à vitesse angulaire rapide (6 répétitions) , une concentrique lente (3 répétitions) et une excentrique lente (3 répétitions).
Les paramètres mesurés:
On s’attardera sur le moment de force maximale, l’analyse des courbes (à vitesse lente), les ratios, la tolérance clinique, la fatigabilité éventuellement…
Au total:
L’isocinétisme est un bon outil de mesure de la force musculaire pour le suivi médico-physiologique du sportif.
Un démembrement clinique est cependant indispensable, accompagné d’une recherche du facteur déclenchant de la pathologie éventuelle.
Ce n’est pas un outil idéal par contre pour l’analyse de la biomécanique du geste sportif.